| THE 
            TELLERS |  
              En sa bonne 
                étoile, au tracé fluide et régulier de sa 
                ligne de chance, Little est forcée de croire, car elle 
                publie à 21 ans un premier album sans avoir rien prémédité, 
                presque sans en avoir lair. Son intérêt pour 
                la musique, durant ladolescence, ne ressemblera jamais à 
                une passion dévorante. Elle préférait le 
                dessin, était plus volontiers du genre à papillonner 
                sur les ondes pour y butiner les tubes du moment. Cest dailleurs 
                en découvrant un jour cet essaim de filles à peine 
                plus âgées quelle, les Jewel, Lene Marlin et 
                surtout Avril Lavigne, quelle se piqua den faire autant, 
                par amusement et sans ambitions clairement affichées.  
              Une guitare appartenant à son père traînait 
              dans les parages, elle avait quelques textes griffonnés sur 
              des cahiers, lalliage des deux provoquera des chansons et 
              suffisamment détonnement sur son entourage pour quelle 
              ose finalement les mettre en ligne. Sur sa page Myspace, très 
              vite, les connexions sembrasent et les compliments pleuvent 
              sur ce qui nest encore quune petite entreprise rudimentaire, 
              dobédience folk par manque de moyen plus que par conviction. 
              Elle rêve dun disque au diapason de ses goûts, 
              plus pop et canaille, aux humeurs élastiques, enlevé 
              et euphorisant, capable comme elle de passer musicalement du coq 
              à lâne, de se révéler tour à 
              tour espiègle et émouvant, intimiste et pétulant, 
              superficiel et subtil. Sa rencontre avec larrangeur et réalisateur 
              Ludovic Bource, connu notamment pour son travail de reconstitution 
              minutieux pour la B.O. de OSS 117, va littéralement transformer 
              ces vux flous en une nette et belle évidence. Véritable 
              orfèvre en matière dorchestrations, comme en 
              témoigne le groovy premier single Je veux des violons, Ludovic 
              Bource apporte aux mélodies ingénues et aux textes 
              à multiples lectures de Little un supplément de chair 
              et de substance tout en préservant leur petit cur palpitant. 
              Grâce à lui, elle séloigne du feu de camp 
              des folkeuses pour un véritable feu dartifice pop, 
              aux réminiscences sixties et seventies discrètes  
              on songe parfois à France Gall période Poupée 
              de cire, à la mutine Kate Bush également - mais avant 
              tout parfaitement contemporain. Lacidulé naturel de 
              la voix de Little, son velouté encore enfantin, reste évidemment 
              latout maître de ces chansons où elle se met 
              en scène alternativement en fille sensée ou en peste, 
              en confidente lucide comme en tête de linotte impatiente. 
              Car cette fan de Britney Spears, en dépit dune timidité 
              quelle soigne par un humour assez désarmant, possède 
              un sens inné du spectacle. Aujourdhui quelle 
              sapprête à entrer en scène, toujours guidée 
              par sa bonne étoile, Little est peut-être déjà 
              grande. |